REDD+ : Une Solution Mondiale à la Déforestation ?
La déforestation et la dégradation des forêts sont des défis majeurs pour le climat et la biodiversité mondiale. Pour y faire face, le programme REDD+ (Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts) a été mis en place. Mais comment fonctionne-t-il vraiment, et est-il une solution efficace pour protéger nos précieuses forêts ?
Qu’est-ce que REDD+ ?
REDD+ est un programme international initié par les Nations Unies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, principalement dans les pays tropicaux. Ce programme vise à inciter les pays à protéger et à restaurer leurs forêts en offrant des incitations financières basées sur les crédits carbone.
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Objectifs de REDD+
- Réduction des émissions : Diminuer les émissions de CO2 résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts.
- Conservation des forêts : Protéger et gérer durablement les forêts existantes.
- Restauration des forêts : Restaurer les forêts dégradées.
- Gestion durable des terres : Promouvoir des pratiques agricoles et forestières durables.
Comment fonctionne REDD+ ?
Le fonctionnement de REDD+ repose sur plusieurs étapes clés :
Évaluation et Planification
Les pays participants doivent évaluer leur couvert forestier et identifier les zones à haut risque de déforestation. Cela peut être facilité par des outils comme Deforisk, un logiciel de cartographie du risque de déforestation développé par la FAO et le Cirad. Deforisk utilise des données environnementales et des modèles statistiques spatiaux pour prédire les zones à risque de déforestation, permettant ainsi des actions ciblées de conservation[1].
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Mise en Œuvre des Projets
Une fois les zones identifiées, les pays mettent en place des projets pour réduire la déforestation et promouvoir la gestion durable des forêts. Ces projets peuvent inclure la cacaoculture sous ombrage, où les arbres sont préservés et les plantations de cacao se font dans des zones forestières déjà dégradées, réduisant ainsi la pression sur les forêts intactes[2].
Financement et Crédits Carbone
Les pays qui réussissent à réduire la déforestation et à stocker du carbone peuvent recevoir des financements basés sur les crédits carbone. Ces crédits carbone représentent une tonne de CO2 séquestrée et non relâchée dans l’atmosphère. Ils peuvent être vendus à des entreprises ou des États souhaitant compenser leurs émissions de dioxyde de carbone[2].
Exemples de Projets REDD+
Le Projet REDD+ en République du Congo
En 2021, la République du Congo a lancé un programme REDD+ dans les régions de la Sangha et de la Likouala. L’objectif était de réduire la déforestation et de stocker du carbone jusqu’en 2024. Malgré les efforts, le projet a été confronté à des défis majeurs, notamment l’attribution de permis d’exploitation minière qui ont mené à une destruction significative de la biodiversité dans la région. Cette situation souligne les complexités et les conflits d’intérêts qui peuvent surgir lors de la mise en œuvre de tels projets[2].
Avantages et Défis de REDD+
Avantages
- Financements pour la conservation : REDD+ apporte des financements privés et publics pour la conservation des forêts, ce qui est crucial dans les pays où les fonds publics sont limités.
- Réduction des émissions : En protégeant et en restaurant les forêts, REDD+ contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est essentiel pour lutter contre le changement climatique.
- Développement durable : Les projets REDD+ promeuvent des pratiques agricoles et forestières durables, bénéficiant ainsi aux communautés locales et à l’environnement.
Défis
- Conflits d’intérêts : Comme vu en République du Congo, les projets REDD+ peuvent être compromis par des intérêts contradictoires, tels que l’exploitation minière ou l’agriculture intensive.
- Gestion du territoire : La planification et la gestion du territoire sont cruciales pour éviter les conflits entre les différentes utilisations des terres.
- Transparence et gouvernance : La transparence et la bonne gouvernance sont essentielles pour garantir que les financements sont utilisés de manière efficace et que les objectifs du projet sont atteints.
Outils et Méthodologies pour la Mise en Œuvre de REDD+
Deforisk : Un Outil de Cartographie du Risque de Déforestation
Deforisk est un outil développé par la FAO et le Cirad qui permet de cartographier le risque de déforestation à l’échelle nationale ou locale. Cet outil utilise une variété de données, incluant la topographie, le réseau routier, les limites de concessions minières, et le réseau d’aires protégées, pour prédire les zones à risque de déforestation. Deforisk est intégré à l’interface du logiciel QGIS, facilitant ainsi son utilisation par les utilisateurs locaux[1].
Formation et Capacitation
Pour assurer la réussite des projets REDD+, des formations et des ateliers de capacitation sont organisés pour les fonctionnaires et les acteurs locaux. Par exemple, Deforisk a organisé des ateliers en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est pour aider les utilisateurs à maîtriser l’outil et à produire des cartes de risque de déforestation précises[1].
Tableau Comparatif : Avantages et Défis de REDD+
Aspects | Avantages | Défis |
---|---|---|
Financements | Apporte des financements privés et publics pour la conservation des forêts. | Dépendance des financements externes, risque de corruption. |
Réduction des émissions | Contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. | Difficultés à mesurer et vérifier les réductions d’émissions. |
Développement durable | Promeut des pratiques agricoles et forestières durables. | Conflits d’intérêts entre les différentes utilisations des terres. |
Gestion du territoire | Aide à la planification et à la gestion durable des terres. | Nécessite une planification et une gestion territoriale efficaces pour éviter les conflits. |
Transparence et gouvernance | Exige une transparence et une bonne gouvernance pour garantir l’efficacité des financements. | Risque de mauvaise gouvernance et de corruption si les mécanismes de transparence sont insuffisants. |
Conseils Pratiques pour les Pays en Développement
Intégrer les Projets REDD+ dans les Stratégies Nationales
Les pays en développement doivent intégrer les projets REDD+ dans leurs stratégies nationales de développement durable. Cela implique de coordonner les efforts entre les différents ministères et agences pour assurer une approche cohérente et efficace.
Renforcer la Gouvernance et la Transparence
La gouvernance et la transparence sont cruciales pour le succès des projets REDD+. Les pays doivent mettre en place des mécanismes solides pour garantir que les financements sont utilisés de manière transparente et efficace.
Impliquer les Communautés Locales
L’implication des communautés locales est essentielle pour la réussite des projets REDD+. Les communautés doivent être consultées et impliquées dans la planification et la mise en œuvre des projets pour garantir que leurs besoins et intérêts soient pris en compte.
Citations Pertinentes
- “L’utilisation de jeux de données locaux, complétés par des données issues d’observatoires internationaux, permet des prédictions fidèles aux réalités du terrain,” – Ghislain Vieilledent, écologue au Cirad[1].
- “Pour de nombreux pays, c’est une aide de taille à l’élaboration de stratégies de lutte contre la déforestation,” – Nadir Carolina Pallqui Camacho, chercheuse à la FAO[1].
- “Vraiment, quand on voit ça… c’est vraiment une exploitation qui ne respecte aucun principe de durabilité,” – Justin Landry Chekoua, environnementaliste et chef de projet « Mines, biodiversité et énergie » pour l’ONG Forêts et Développement Rural (FODER)[2].
REDD+ est une initiative prometteuse pour lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts, mais elle doit être mise en œuvre avec soin et transparence. Les pays en développement doivent intégrer ces projets dans leurs stratégies nationales, renforcer la gouvernance et la transparence, et impliquer les communautés locales pour garantir le succès à long terme. Avec des outils comme Deforisk et des approches durables, nous pouvons protéger nos précieuses forêts et contribuer à un développement durable et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.